Par nature, notre activité est soumise aux éléments naturels que nous avons appris à gérer. Il est vrai toutefois que depuis quelques années, nous constatons des changements notables à l’échelle
de nos sites. Ce ne sont que les prémices et nous avons bien conscience que cela va aller en s’accélérant. L’exception devenant le plus souvent la règle. Au Niger, par exemple, on enregistre actuellement 62
jours par an à plus de 40° et les prévisions estiment qu’en 2050, on pourrait aller jusqu’à 160 jours dans l’année. Le pays est également de plus en plus sujet à des pluies torrentielles
avec des conséquences désastreuses pour les populations. Cela créé des nouvelles contraintes à prendre en compte. En France, d'après les modèles climatiques, on s'oriente vers des épisodes pluvieux plus intenses et plus
longs alternant avec des périodes de sécheresse, même si la pluviométrie annuelle resterait assez proche de l'actuelle. Ceci pourrait amener nos équipes en charge de réaménagement et du suivi des anciens
sites miniers à revoir le dimensionnement des installations de traitement des eaux et à anticiper par des actions la maîtrise des risques géotechniques.
Au Canada, le changement climatique est aussi à l’œuvre
même s’il est pour le moment moins impactant pour notre activité. C’est surtout au niveau des modalités d’exploration qu’il risque d’y avoir du changement. Avec les hivers moins froids, les accès
des géologues à certaines zones d’exploration peuvent se compliquer du fait de l’absence de support glacés pour amener les foreuses. Il va falloir travailler autrement.
Pas vraiment ! Parce que nous nous sommes habitués à gérer les aléas du climat. Nous intervenons le plus souvent dans des conditions extrêmes, dans des climats très différents, ce qui nous oblige à nous adapter en permanence. Ce que nous avons appris dans un pays peut être mis au service d’un autre. Par exemple, pour le Kazakhstan où les prévisions tablent sur une augmentation des températures, on pourra si besoin utiliser le matériel employé en Afrique comme des groupes électrogènes aéro-réfrigérés ou encore la foreuse « tropicalisée ». Les équipes savent qu’en cas de besoin, elles peuvent compter sur l’expertise d’autres collègues pour mettre en place de nouveaux process ou outils. Idem, pour la question de surplus d’eau à gérer : il faudrait envisager de redimensionner nos installations de traitement. Le secteur minier dispose d’un avantage énorme en matière d’appréhension du changement climatique, c’est sa capacité à s’adapter au terrain. Nous avons l’habitude de composer avec l’incertitude, l’inconnu et surtout d’anticiper car nous sommes une industrie du temps long. Pour les équipes qui travaillent actuellement sur le projet de mine d’uranium de Zuuvch-Ovoo en Mongolie, envisager 2050 est une échéance qui leur parle pour ce site qui sera exploité jusqu’en 2060. Le changement climatique est une dimension à prendre en compte dès le début.
Nous avons commencé à nous intéresser au plus près à l’impact de changement climatique sur nos sites depuis déjà quelques années. D’ici la fin d’année, tous nos sites doivent avoir réalisé une analyse des risques en tenant compte des modèles climatiques actuellement disponibles. Nous devons savoir dans quelles mesures nos sites peuvent être impactés dans les années à venir Il s’agit d’envisager tous les scénarios possibles et de lister les solutions, leurs coûts, les conséquences en termes de condition de travail, etc. Nous envisageons les cas extrêmes pour être prêts à activer les solutions en cas de besoin. Et chaque année, les analyses seront réévaluées au regard notamment des nouvelles données climatiques disponibles. Intégrer le changement climatique doit devenir pour tout le monde un réflexe opérationnel. Cela implique bien sûr un changement de culture, mais nous savons nous adapter.
Il faut savoir rester humble ! Les incertitudes restent grandes quant à la trajectoire d’émissions de CO2 ou l’évolution du climat. D’un côté, notre large portefeuille d'implantations nous permet de s'appuyer sur les conditions climatiques très différentes des pays pour s'adapter aux changements des autres. Cela dit, si la référence de l'un s'aggrave (températures de plus en plus extrêmes par exemple) nous nous retrouvons malgré tout face à une grande inconnue ! Par ailleurs, dans nos scénarii, nous ne prenons en compte pour le moment que les risques physiques, mais il y aura d’autres conséquences au niveau social et environnemental : les populations pourront être touchées, la faune et la flore également, et cela ne sera pas sans répercussions sur notre activité. Au fur et à mesure que les scientifiques sauront modéliser ce type d’évolution, nous pourrons en tenir compte dans nos études.
Nous sommes pleinement engagés dans une démarche itérative visant à mieux appréhender le changement climatique chaque jour