Le GIEC (groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) est un organisme créé en 1988 par deux institutions de l’ONU : l’Organisation météorologique mondiale et le Programme des Nations unies pour l’environnement. Il fournit régulièrement des rapports rassemblant des évaluations scientifiques sur les changements climatiques. Les experts membres du groupe établissent des projections et proposent des stratégies ayant pour but l'atténuation des émissions de gaz à effet de serre.
Le GIEC compte 195 états membres, soit la quasi-totalité des pays du monde. Il est composé de trois groupes de travail distincts :
Le GIEC compte également une équipe spéciale pour les inventaires nationaux de gaz à effet de serre.
Les membres du GIEC sont formels. Ils constatent actuellement des changements jamais observés depuis des centaines de milliers d'années. Le rapport du 9 août 2021, intitulé « Changement climatique 2021 : les éléments scientifiques », a été approuvé par 195 gouvernements. Sa publication, sous la forme de trois volumes distincts, s’achèvera en 2022. Voici ce qu’il faut retenir du premier volume.
- La responsabilité
de l’Homme sur le réchauffement climatique est sans équivoque.
- Dans tous les scénarios envisagés, le réchauffement dépasse la barre des 1,5°C dans les vingt prochaines années.
-
Ces cinq scénarios sont plus précis que les précédents.
- Leur objectif n’est pas de « prédire l’avenir » mais de prendre en considération l’incertitude liée aux activités
humaines dans le futur et de permettre ainsi aux Etats de décider de leur politique en toute connaissance de cause.
Cinq scénarios englobent un large spectre de futurs possibles pour les émissions de GES :
Les hypothèses vont d’un scénario dans lequel les émissions planétaires de CO2 diminuent de façon draconienne,
avec un objectif de neutralité carbone en 2050, puis sont négatives au courant de la deuxième moitié du siècle, à un scénario dans lequel les émissions de CO2 poursuivent leur forte augmentation,
jusqu’à deux fois supérieures en 2050 et même plus de trois fois supérieures en 2100.
Mises au point par la communauté scientifique, elles permettent de construire un cadre commun de réflexion autour des enjeux climatiques et de modéliser cinq « narratifs » prenant en considération les évolutions sociales, économiques, politiques et technologiques possibles d’ici à 2100.
Ces cinq narratifs ont été à l’origine de l’élaboration de différents scénarios d’évolution des systèmes économiques, énergétiques et d’utilisation des sols.
SSP1-1.9 : scénario très ambitieux pour se conformer à l’objectif 1,5°C de l’Accord de Paris.
C’est le scénario le plus optimiste. Les émissions mondiales de CO2 tombent à zéro vers 2050. Les sociétés adoptent des pratiques plus respectueuses de l'environnement, l'accent étant mis non plus sur la croissance économique mais sur le bien-être général. Les investissements dans l'éducation et la santé augmentent et les inégalités diminuent. Les phénomènes météorologiques violents sont plus fréquents mais le monde a évité les pires conséquences du changement climatique.
Défi d’adaptation : faible
Défi d’atténuation : faible
• SSP1-2.6 : scénario de développement durable
Les émissions mondiales de CO2 sont fortement réduites mais moins rapidement. L'objectif de zéro émission est atteint après 2050. Ce scénario décrit les mêmes évolutions socio-économiques vers le développement durable que dans le premier scénario mais la hausse des températures se stabilise autour de 1,8°C d'ici la fin du siècle.
Défi d’adaptation : moyen
Défi d’atténuation : moyen
• SSP2-4.5 : scénario intermédiaire
Les émissions de CO2 oscillent autour des niveaux actuels avant de commencer à diminuer au milieu du siècle. Les facteurs socio-économiques suivent leurs tendances historiques, sans changement notable. La progression vers la durabilité est lente, le développement et les revenus augmentant de manière inégale. Dans ce scénario, les températures augmentent de 2,7°C d'ici la fin du siècle.
Défi d’adaptation : élevé
Défi d’atténuation : élevé
• SSP3-7.0 : scénario de rivalités régionales
Les émissions de gaz à effet de serre et les températures augmentent régulièrement, celles de CO2 sont quasiment doublées par rapport aux niveaux actuels d'ici 2100. Les pays deviennent plus compétitifs les uns par rapport aux autres, privilégiant leur sécurité nationale et alimentaire. À la fin du siècle, les températures moyennes ont augmenté de 3,6°C
Défi d’adaptation : élevé
Défi d’atténuation : faible
• SSP5-8.5 : développement basé sur les énergies fossiles
C'est le "scénario du pire". Les niveaux actuels d'émissions de CO2 sont quasiment doublés d'ici à 2050. L'économie mondiale croît rapidement mais cette croissance est alimentée par l'exploitation des combustibles fossiles et des modes de vie très gourmands en énergie. En 2100, la température moyenne de la planète aura augmenté de 4,4°C, une véritable catastrophe.
Défi d’adaptation : faible
Défi d’atténuation : élevé
L’adaptation, c’est la démarche d’ajustement au climat actuel ou à venir, ainsi que ses conséquences :
- réduire les effets préjudiciables du changement climatique
- exploiter les effets bénéfiques.
L’atténuation consiste à mettre en œuvre des actions visant à atténuer l'ampleur du réchauffement mondial d'origine humaine par la réduction des émissions de gaz à effet de serre ou la capture et séquestration du dioxyde de carbone de l'atmosphère.
- Les pluies et sécheresses seront plus intenses.
- Les inondations seront plus nombreuses.
- L'élévation du niveau des mers causera probablement la disparition de certaines zones côtières.
- On assistera
au dégel du pergélisol, à la fonte des manteaux neigeux saisonniers, à la fonte des glaciers et des calottes glaciaires…
- Dans les océans, on pourra constater des vagues de chaleur et une acidification des eaux.
«Le changement climatique touche déjà toutes les régions de la Terre de multiples façons. Les changements observés augmenteront avec tout réchauffement supplémentaire », a déclaré Panmao Zhai, coprésident du Groupe de travail I du GIEC.
En revanche, le rapport précise que de fortes réductions, soutenues dans le temps, des émissions de CO2 et d'autres gaz à effet de serre pourraient limiter ces phénomènes.
La stabilisation des températures prendrait plusieurs dizaines d'années, mais la qualité de l’air pourrait s'améliorer assez rapidement.
Dans la grande majorité des trajectoires établies par le GIEC pour une transition énergétique vertueuse, le nucléaire est largement utilisé dans la décarbonation de l’électricité.
La publication de ce dernier rapport du GIEC a fortement influencé les débats de la COP 26 de novembre 2021, à l’issue de laquelle de nouveaux engagements ont été pris par les États membres en termes de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Pour en savoir plus, consultez notre hub Climat ou nos Décodages climat.