
Érigées au début des années 1970 face à la centrale nucléaire du Tricastin, les deux tours de 123 mètres de haut et 90 mètres de diamètre ont refroidi l'usine d'enrichissement d'uranium Georges Besse pendant 33 ans. Cette usine, exploitée par Eurodif Production, a alimenté plus de 100 réacteurs dans le monde, contribuant à l’essor de l’électricité bas carbone. Visibles à des dizaines de kilomètres, ces tours sont devenues un symbole du site.
La mise à l'arrêt de l'usine Georges Besse en 2012 a marqué un tournant. Une nouvelle usine, Georges Besse 2, a pris le relais utilisant la technologie d'enrichissement par centrifugation, compétitive et économe en énergie, permettant à Orano de se renouveler tout en restant à la pointe de l'industrie nucléaire. Aujourd'hui, le site du Tricastin est une plateforme industrielle de référence, forte de près de 60 ans de savoir-faire, regroupant l'ensemble des activités de chimie et d'enrichissement de l'uranium. Il représente un pôle d'expertise unique au monde, maîtrisant l'amont du cycle du combustible nucléaire.
« Avec un taux de rendement supérieur à 99 % mesuré au sein de l’usine d’enrichissement Georges Besse 2 en 2024, le procédé de centrifugation démontre une productivité exceptionnelle pour l’industrie »,
explique François Lurin, directeur de la business unit Chimie Enrichissement d’Orano.
La déconstruction des tours, prévue sur 18 mois à partir d’avril 2025, constitue une étape clé du démantèlement de l’ancienne installation. Pour des raisons de sécurité et de proximité avec la centrale attenante, l’Autorité de sûreté nucléaire et de radioprotection (ASNR) a validé que le démantèlement des tours s’effectuerait selon la technique dite de "grignotage", qui consiste à déconstruire progressivement les tours, de haut en bas, à l’aide d’un équipement spécifique monté à l’intérieur des édifices.
« Ce chantier symbolise l’excellence de nos équipes en matière de démantèlement nucléaire. Leur expertise, leur rigueur et leur engagement permettent de relever ce défi industriel hors norme, dans le respect des plus hauts standards de sûreté. Ils incarnent la capacité d’Orano à transformer l’héritage du passé en opportunités pour l’avenir. » Jean-Christophe Patout, directeur de la BU Démantèlement et Services.
Ce projet colossal du démantèlement de l'usine d'Eurodif, dont le coût s'élève à 1,2 milliard d’euros au total, s’étendra jusqu’en 2051. L'espace libéré par la disparition des tours permettra l'extension industrielle du site.
Orano Tricastin ne se contente pas de démanteler ses installations passées ; le site se développe au travers de nouvelles activités, notamment la production d'isotopes stables (le laboratoire LIS Jean Fourniols)
non nucléaires, ouvrant des perspectives dans les domaines de la santé, de la recherche et de l'industrie.
L'uranium enrichi produit sur le site permet d'alimenter 90 millions de foyers par an en énergie bas carbone, contribuant à l'indépendance énergétique de la France. Avec près de 2 500 emplois directs et 2 000
indirects, Orano Tricastin reste un acteur majeur de l'économie locale, ancré dans son histoire et résolument tourné vers l'innovation.